Une ganaderia gérée par toute la famille
Reportage : Thierry Rippol (Toreria.net pour vuelta)
Au cœur du Parc Naturel Régional des Landes de Gascogne, Brocas doit son nom au fait qu’au XIXe siècle la famille Larreillet y installa des forges, les premières Forges de Brocas, en 1832…. Des deux hauts fourneaux, du four à réverbère et des laminoirs, il ne subsiste de nos jours la masse imposante du haut-fourneau réhabilité, proche de l’étang, pour rappeler l’existence d’une activité sidérurgique dans les Landes. Le bruit des marteaux à laissé la place au martèlement des sabots d’une ganaderia toute proche qu’on entend régulièrement dans les magnifiques arènes en pins du village landais…. Ils y résonneront ce 14 juillet.
C’est en participant à une course landaise à Brocas que cet ancien écarteur croise le destin d’un propriétaire décidé à avoir une ganaderia sur ses terres… C’est en 1993 que sur le domaine de Malabat arrive du bétail provenant de chez François André, Hubert Yonnet et Gallon destiné au départ aux coursayres.
En 1998, Pascal Fasolo, son épouse Céline et Pierre Saubesty veulent inscrire leur fer au livre généalogique. Ils éliminent le bétail d’origine et se portent acquéreurs d’une vingtaine de vaches et d’un semental chez Olivier Martin qui possédait la ganaderia El Palmeral de sang Atanasio Conde de La Corte… D’autres apports du même élevage ont régulièrement rejoint les propriétés de Malabat et du Gouhuron qui hébergent aujourd’hui une centaine de bêtes dont une quarantaine de mères sur une superficie d’environ 50 ha….
A son décès en 2005, Pierre Saubesty lègue à la commune de Brocas la propriété, situé dans une forêt de pins et sur laquelle existait une bâtisse typiquement landaise transformée depuis en salle de réception et de restauration pour des groupes visitant la ganaderia. C’est le coté restauration qui assure l’essentiel des revenus des éleveurs d’autant que les toros représentent 90% des pertes. Jouxtant la salle, toutes les installations nécessaires à l’élevage des toros bravos, jusqu’à la placita de tienta….
C’est en 2002 que le 1er becerro sortira en piste, à Eauze. En 2004 un lot à Aire sur l’Adour et en 2005 un premier trophée, le prix de la non piquée concours de Castelnau Rivière Basse tandis qu’en 2006 sera combattu le premier novillo piqué, à Garlin. Mais c’est surtout en non-piquée que seront les lidiés les porteurs de la devise « orange jaune et vert » de façon plus ou moins isolée… Jusqu’en 2014 qui verra la Peña Jeune Aficion de Saint Sever programmer son premier lot de novillos en piquée. Une expérience intéressante et réussie, pour les aficionados et pour le ganadero. Cette même année l’un des sobreros sera lidié en Fiesta Campera à Brocas et s’avèrera excellent tout comme le lot d’erales à Mont de Marsan… Hélas ces bons résultats resteront sans suite…. Et par-dessus ça vient de se greffer la Covid19….
Rencontre avec Pascal Fasolo.
-Pourquoi avoir choisi l’encaste Atanasio ?
Au départ, c’est le coté économique qui nous a guidé puis on y a trouvé notre raison d’éleveur, des toros braves avec de la caste et on n’a jamais été deçu…. De plus on n’a pas voulu non plus tombé dans le Domecq que tout le monde ou presque possède… Et forcement on est occulté par les organisateurs, par les apoderados, par les toreros…. Et même dès l’école taurine. Pourtant ils sont excellents pour l’apprentissage, apprendre à les comprendre, à les lidier… Et alors ils s’avèrent très intéressants… Mais la facilité est de mise aujourd’hui…
-Comment et par qui est géré la ganaderia et ses annexes en restauration ou accueil de groupe, entre vous, votre épouse et vos trois filles ?
Tout est fait en famille et en commun avec l’aide de quelques amis…. Que ce soit Céline ma femme ou Alexia, Marlène et Elina mes filles, elles sont toujours là à prêter main forte que ce soit du coté taurin, agricole ou du coté salle de réception…. D’autant que nous avons tous une activité propre, la ganaderia étant le coté passionnel..
-Comment vous projetez dans l’avenir avec votre élevage (En faisant abstraction du problème du Corovirus) ?
Aucune idée… On a du mal à vendre nos novillos et on est toujours debout mais de quoi demain sera fait ? Déjà si les aficionados s’intéressaient un peu à nous, l’avenir serait un peu moins sombre…. 90% des groupe ou des clubs que l’on reçoit à Malabat ne sont pas du tout taurin…. Quand on fait nos ferrades, 180 personnes y viennent et quasiment aucun taurin… Il est vrai aussi qu’avec une dizaine de mâles par an, le compte serait vite fait… Un lot par là, quelques uns pour le recorte et le reste en privé. Mais dans le contexte actuel on ne peut pas envisager d’aller plus en avant.. Et c’est dommage car l’Atanasio a beaucoup à exprimer au cheval en novillada piquée pour le moins…
-Aujourd’hui tout semble repartir petit à petit. Coté taurin, plus ou moins d’arènes jusqu’à nouvel ordre, plus ou moins de possibilités de fiestas camperas…. Comment résister à cette crise ?. J’ai vu aussi qu’une cagnotte a été créée pour vous aider
C’est surtout du coté de la restauration qu’on est le plus touché par la situation due au Covid… Et par les fiestas camperas qui y sont liées… Le 14 juillet on participera au festival mixte Hispano-Landais organisé par le Club Taurin de Brocas dans les arènes du village le matin et avec la lidia de quatre toros chez nous l’après-midi… On participe aussi à la Feria del Campo avec deux novillos… Et je tiens aussi à remercier tous ceux qui pensaient à nous en ces moments difficiles…
-Y a-t-il un torero de la maison ?
Ce sont surtout les jeunes qui viennent ici…. El Adoureño a débuté à Malabat, Mathieu Guillon aussi y est venu souvent et en ce moment c’est Solalito qu’on invite souvent à tienter… L’an dernier il a toréait une becerra pendant plus de 30 minutes…. Et sans surprise pour Serge Almeras qui depuis 20 ans retrouve ici chaque la même qualité des bêtes…. Une référence pour nous… Du coup à Brocas, peu après son jeune protégé nîmois à toréé un de nos toros de 4 ans et y a prit du plaisir…
Si on sort peu, ce n’est pas à nous éleveur de donner les raisons, ce serait plutôt aux organisateurs et aux apoderados de dire pourquoi une encaste autant soit peu originale ne les intéresse pas…
-Que faire des lots 2020, dont ceux prêts à être lidier ? Y en avait il de retenu ?
Non rien n’avait été finalisé, mais ça c’est un peu notre quotidien depuis des années..
-Y a-t-il des aides qui ont été évoqué concernant l’élevage du toro de combat dans votre région ?
On a fait des demandes, remplit des dossiers et on attend de voir…
Comme pour celles, les filles d’El Palmeral, qui se battent pour redonner la place méritée de l’encaste Atanasio au milieu d’une désespérante uniformité coté élevage, le maintien de ce sang par un ganadero au caractère forgé, devrait avoir une bien meilleure audience…. Pour le bien de la tauromachie tout simplement