Noticias : rencontre avec le jeune novillero Iker Fernandez « El Mene »

« J’ai tout misé pour ça, je veux être torero… »

El Mene 2

Entretien réalisé par Thierry Ripoll (Toreria.net pour vuelta)

Un honnête parcours de novilleros sans chevaux avant de passer sept mois à attendre que le téléphone sonne après ses débuts avec picadors à Ciudad Rodrigo en fevrier dernier. Un contraste très significatif, auquel Iker a mis fin avec ses triomphes de Villaseca de La Sagra et d’Arganda del Rey, en gagnant le Circuito de Castilla y León 2024 à Alba de Tormes et étant qualifié pour la grande finale à Sanlúcar de Barrameda de la Liga Nacional de Novilladas … Ou il fut plutôt malchanceux comme à Arnedo…

-Iker, bonjour. Tout d’abord quelques repères. Où et quand es-tu né ? Je pense que tu es parti vivre du coté de Salamanca avec ta famille, à quel âge ? Et aujourd’hui te sent tu aragonais ou salmantino ?

« Je suis parti vivre à Salamanca quand j’avais quinze ans mais sans ma famille, j’étais hébergé par mon apoderado Andrés Sánchez. Je suis né à Zaragoza en octobre 2004 mais je me suis élevé à Salamanca comme personne et surtout comme torero. … Ici, on m’a enseigné et inculqué les valeurs de la corrida, le respect, l’éducation et apprendre à toréer avec ma personnalité. Je vis ici, je me sens d’ici mais sans oublier ma terre natale« 

-As-tu des antécédents taurins parmi tes proches ? Si oui, qui a guidé tes premiers pas ? Si non, qu’est ce qui t’a donné envie de te mettre devant des toros ? Et après de vouloir en faire ta carrière ?

« Oui, mon grand-père et mon père furent novilleros avec picadors et mon père est ensuite devenu banderillero. C’est lui qui m’a appris mes premiers pas. Ça a commencé comme un jeu et puis c’est devenu ma vie avec l’envie de vouloir être torero« 

-Pourquoi l’apodo de El Mene ?

« Mon grand-père avait pris El Mene pour apodo, mon père aussi. Il est normal que je poursuive cette saga familiale et que je la porte le plus haut possible… »

-Quand et comment as-tu fait le premier pas pour t’inscrire à l’école taurine de Salamanca, la réaction de tes parents ?

« Je me suis inscrit à l’école taurine en 2020 et ma famille l’a très bien pris car c’etait la raison pour laquelle je suis parti vivre à Salamanca, pour devenir torero … »

-Avec qui t’entraînais tu à l’école taurine et comment ce sont passées tes débuts avant de faire ta présentation en novillada sans picadors ?

« Je me suis entraîné dès les premiers jours avec tout le monde parce que comme ça j’apprenais plus vite, mes débuts ont été un véritable apprentissage, bien que j’avais des bases que mon père m’avait inculqué, et j’ai dû travailler dur jusqu’à ce que je puisse faire mes débuts sans picadors à Linares de Riofrio (Salamanca), le 16 août 2021. Ce jour-là, à l’affiche il y avait Ceci de Castellón, Ismaël Martín, Jarocho et moi. … »

En 2023 en novillada sans picadors il a toréé à 32 reprises et coupé 60 oreilles et 3 rabos en passant par Villaseca de la Sagra, triomphant lors du 1er Certamen Taurino Club Cocherito de Bilbao, à Mont de Marsan, être demi-finaliste du Ciclo de Novilladas Sin Picadores de Andalucía et triomphateur du XII Certamen taurino Ciudad de Peñaranda avant de débuter avec les castoreños à Ciudad Rodrigo le 12 février de cette année.

-L’an dernier tu as réussi quelques belles prestations : Villaseca, le Certamen Taurino Club Cocherito de Bilbao, le cycle des Novilladas Sin Picadores de Andalucía, le Certamen taurino de Peñaranda …. Et beaucoup de courses et de succès importants… Celles qui t’ont le plus marquées ?

« En effet ce fut pour moi une excellente saison mais il y eu des après-midis qui m’ont marqué plus que d’autres comme Mont de Marsan, Villaseca, Bilbao, le Certamen du sud-est de Madrid et qui auront aussi impacté cette étape de ma jeune carrière… »

-Tu as fait tes débuts avec picadors à Ciudad Rodrigo en début de temporada… Et puis quasiment plus rien jusqu’à un poste de substitution à Villaseca… Et là tu te révèles au grand jour. Comment l’as-tu vécu ?

« En effet tout est allé très vite, mais c’était l’une des plus belles choses qui me soit arrivée dans ma vie, maintenant il ne reste plus qu’à progresser encore et je suis prêt à tout sacrifier pour y arriver. »

-Un triomphe important, le trophée de l’Alfajero de Oro et une récidive dans la foulée à Arganda del Rey… Vainqueur du Circuito de Castilla y León 2024. Comment tu as pu t’imposer de la sorte avec si peu de courses au compteur ?

« On ne peut s’imposer que si on a l’espoir et la volonté de réussir, c’était mon cas. L’occasion s’est présentée et j’ai su en profiter. »

-Les prix de l’Alfarero de Oro de Villaseca de la Sagra et d’Arganda del Rey, crois-tu qu’ils vont t’apporter quelque chose ?

« J’espère bien que cela va me servir pour pouvoir toréer dans des arènes importantes et surtout pouvoir toréer un maximum de novilladas… »

-Comment as-tu rencontré, Andres Sanchez, ton apoderado ? Que t’apporte-t-il ?

« Je l’ai connu par mon père qui était un de ses amis, ils ont discuté pour me faire venir à Salamanca et faciliter les choses ils ont convenu pour que j’aille m’installer chez lui. Je me sens privilégié d’avoir une personne si expérimentée à mes côtés et qui m’apprend tant de choses, sur les toros et sur la vie dans ce milieu. Sans lui peut-être ne serait pas où je suis maintenant. « 

Un novillero qui toréait de façon classique tout en y apportant sa différence. Toréant au ralenti en allongeant les muletazos à l’infini, les liant jusqu’à les remater d’une passe de pecho hasta el rabo…. Une tauromachie que l’on voit peu de nos jours et encore moins dans cette catégorie…

-Comment qualifies-tu ta façon de toréer ? Que faut-il encore que tu perfectionnes dans ton toreo ? Y a-t-il un torero qui t’inspire ta tauromachie ?

« Ma tauromachie est une tauromachie classique, pure. Il me faut encore perfectionner beaucoup de choses, parce que dans cette profession on ne cesse jamais d’apprendre. Je veux me perfectionner et faire évoluer ma façon de toréer car je recherche la profondeur dans le toreo et le rendre le plus pur possible. Mon idole de toujours est Manolete, mais il y a aussi des toreros qui m’inspirent comme Juan Ortega, Morante de La Puebla, Manzanares père, Paco Ojeda, Paco Camino, El Viti… et pas mal d’autres. « 

Droit et sérieux, comme son visage, El Mene s’exprime par une tauromachie pure, avec talent et classicisme, modelé dans une apparence démodée. Ses actuacciones, encore rares, témoignent déjà d’une grande connaissance avec du temple, de la cadence, du sentiment, une tauromachie avec toreria, vérité. Et une main gauche, profonde et interminablement lente, pour des naturelles d’inspiration, hiératiques et pures…

-Pour revenir à ta carrière naissante. Une première saison sans trop de contrats mais ou, en deux novilladas tu es devenu l’un des novilleros les plus importants pour l’aficion. Une ouverture pour de grands rendez-vous en 2025 d’accord, mais seras-tu prêt pour les affronter ?

« Bien sûr, je suis prêt pour tout ce qui pourra se présenter mais aussi pour le faire avec beaucoup d’illusions et d’espoir, surtout celui de réussir et de m’élever dans la profession, toujours aller de l’avant. « 

-Mont de Marsan en sans picadors et à ce jour aucune autre opportunité en France. Y a-t-il des arènes françaises qui rentreraient dans tes projets, ou tu aimerais toréer ?

« Bien sûr, j’aimerais beaucoup toréer de nouveau en France, je n’ai pu le faire qu’une seule fois et cette course m’a marqué. Je serais très heureux d’être vu et j’espère reconnu par tous les aficionados français, découvrir votre aficion et vos plazas de toros. « 

-Et bien sur les grandes arènes espagnoles…. Laquelle correspondrait le mieux à ta tauromachie ?

« Les arènes qui pourraient le mieux comprendre ma tauromachie, sont celles, je pense, les plus importantes comme Madrid ou Séville… Mais également celles de première catégorie et bien sûr les plazas de toros de moindre catégorie mais qui savent voir et apprécier la tauromachie que je veux montrer. « 

-Enfin comment vas-tu préparer cet hiver ? Et déjà des projets pour 2025 ?

« Une préparation intense des entraînements physiques, du toreo de salon et beaucoup de campo, pour arriver fin prêts pour la temporada 2025. Une saison que je vais attaquer avec l’espoir de réussir un maximum de course et de m’améliorer à tous les égards. Pour 2025 rien n’est encore fait, mais je suis sûr que ça va être une très belle année. »

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