Le landais travaille dur et se prépare
Entretien réalisé par Thierry Ripoll (Toreria.net pour vuelta)
« Le jour même restera un souvenir extraordinaire, chez moi à Mont de Marsan avec la figura N°1 Roca Rey, tout était réuni pour que ce soit un moment très important. Ce le fut, ça s’est très bien passé, j’ai coupé une oreille et j’aurais pu doubler la mise si l’épée ne m’avait pas trahi. L’alternative, c’est vivre un rêve. Mais après tu repars à zéro… »
Le 19 juillet dernier à Mont de Marsan, Yon Lamothe est devenu le 72eme matador de toros français (Habichuelo de Domingo Hernandez, né en août 2018, N° 13. Parrain : Andrés Roca Rey, témoin Tomas Rufo). Il est né à Mont-de-Marsan le 10 novembre 2000, a passé son enfance à Tartas, au sein d’une famille aficionada, petit-fils d’Alain Lartigues, sa famille le menait partout aux arènes de Bayonne à Roquefort sans oublier la feria de La Madeleine. Tant et si bien qu’il finit par intégrer, à 13 ans, l’école taurine Adour Aficion de Richard Milian à Cauna, de 2013 à 2019.
« C’était dans les gènes familiaux. Quand j’ai dit que je voulais devenir torero, bien sûr tous ont essayé de me décourager. En premier mon grand-père, très impliqué dans le milieu taurin qui savait ou j’irais en prenant cette voie. Mais quand ils ont compris que c’était sérieux, tous m’ont aidé et encouragé… »
Six ans passés auprès de Richard Milian, avec lequel il débutera en novillada piquée le 24 avril 2019 à Mugron.
« Ensuite je suis parti en Espagne, à Majadahonda, près de Madrid ou j’ai rejoint Rafael Gonzalez et ou j’ai rencontré Sebastian Ritter qui m’a beaucoup aidé. J’allais m’entraîner à Valdemorillo ou Rafael était professeur à l’école taurine… »
Après seulement quatre novilladas torées, arrive la pandémie du Covid et l’arrêt des jeux pour tous et difficile de se repositionner sur le marché en 2021. Deux contrats à peine, Roquefort et Bayonne. Deux triomphes qui lui ont ouvert Saint Sever… Le 15 août à fait apparaître un novillero bien différent, loin du cliché du bon élève appliqué…
« Déjà d’être parti en Espagne, ça m’a fait franchir un cap. J’y ai découvert autre chose, ça m’a beaucoup aidé, beaucoup appris, ça m’a fait découvrir un autre concept. Je m’entraînais d’une autre manière en sachant ce que je voulais faire. Et cette novillada de La Quinta à Roquefort m’a beaucoup servi pour reprendre de la force et croire en ce que je faisais. Je n’avais alors que celle-là et une à Bayonne. J’ai coupé deux fois trois oreilles, comme à Saint Sever ou je suis rentré en octobre et ça m’a ouvert pas mal de portes pour 2022 dont ma présentation à Madrid. En effet, cette novillada du 15 août a débloqué pas mal de chose pour moi… »
Trois novilladas, 9 oreilles et en 2022 on passe à 24 paseillos (5eme de l’escalafon) et neuf l’an dernier avant de prendre l’alternative…
« Et là tu repars à zéro. Les compañeros, c’est plus la même chose, toréer aux cotés des figuras, en feria, la competencia elle est toute autre. Et pour y arriver, il faut travailler sans relâche pour évoluer et chercher à atteindre ce niveau. C’est ce que m’avait dit mon grand-père. Être torero ça vaut le coup d’être vécu si tu arrives à faire partie des meilleurs sinon… C’est ce qui m’anime au quotidien, après je verrais jusqu’où je pourrais aller mais c’est mon objectif… »
Si c’est face aux toros que se gagnent généralement les contrats, pas grand-chose n’est accessible sans un gestionnaire et une équipe autour du torero…
« C’est mon frère Victor qui s’occupe de ma carrière et depuis cet hiver, s’est officialisée l’entrée de Sebastian Ritter dans l’équipe. Il m’accompagne au campo, m’aide dans ma préparation et bataille dur pour me trouver des opportunités, des contrats… »
Et en matière de contrat, il faut déjà prendre en compte une jeune génération de matador de toros français…
« J’ai conscience que de ce groupe, seulement deux ou trois peuvent espérer en sortir et gagner plus de parts dans le marché français. C’est donc au départ, une competencia entre nous avec pour chacun, l’objectif de toréer dans les arènes du Sud-ouest et du Sud-est. Tout en lorgnant de l’autre côté des Pyrénées… »
Pour l’entraînement, c’est au quotidien du physique, du toreo de salon et du campo le plus possible…
« Comme je vis à Majadahonda, c’est avec Sebastian que je me prépare, tous les matins. Il y a un grand parc à côté de là où j’habite, c’est pratique et l’après-midi on se rend à Valdemorillo tout en courant après les tentaderos… Il faut travailler et travailler encore…Il n’y a pas de secret »
Si bon nombre de cartels sont déjà bouclés, la bataille fait rage pour gagner sa place.
« Il y a des choses qui sont bien engagées mais aujourd’hui rien n’est encore officialisé. Mais déjà si je pouvais revenir à Mont de Marsan, ce serait la base de ma temporada… Mais il faut attendre et voir venir. On attend et en attendant on se prépare… »