Noticias : entretien avec le maestro sévillan Francisco Lama de Gongora

« Je me sens au meilleur moment de ma carrière… »

Lama de Gongora 1

Entretien réalisé par Thierry Ripoll (Toreria.net pour vuelta)

Engagé à la dernière minute pour la fiesta campera de Saint Etienne du Gres grâce à un appel de José Chacón son apoderado et banderillero de Sébastien Castella, le torero sévillan a frappé un grand coup en graciant le novillo “Ejecutivo” de la ganaderia San Sebastian…

« C’est une histoire merveilleuse. Pour ma présentation en France j’ai pu montrer le côté le plus artistique de mon toreo grâce au novillo de Matthieu (Vangelisti). Mais le plus beau c’est que j’ai été engagé au dernier moment et, comme les ganaderos, j’ai pensé que je toréerais leur novillo. En fait il y eu un sorteo et il m’a été finalement attribué par le sort. Je fais ma présentation chez vous et je pardonne la vie à un grand novillo. Un moment qui restera gravé à jamais dans ma mémoire… »

Francisco Lama de Góngora est un torero sévillan né le 23 septembre 1992 dans le quartier de l’Arenal, et très vite, à l’école taurine de Sevilla, son professeur Luis de Pauloba, voit en lui un héritier des grands toreros qui ont écrit l’histoire de la Real Maestranza… Arène ou il se présente en sans picador le 12 juillet 2012 pour ouvrir la Porte du Prince…. Après une trentaine de sin caballos, il débute avec picadors le 3 mars 2013 à Olivenza tout en poursuivant des études de droit…

-Vous avez très peu toréé en France à cette époque-là… alors que vous avez été à Madrid, Sevilla, Castellón, Valencia, Valladolid, El Puerto de Santa María entre autres.

« A Dax et en sans chevaux et à Nîmes en piquée ou j’avais coupé une oreille. C’est tout, jusqu’à St Etienne du Grès… »

-Vous étiez un novillero très prometteur pour l’aficion andalouse et plus particulièrement sévillane, une idylle, six fois en deux ans dont un seul contre six, qui a duré jusqu’à l’alternative car après ce fut un arrêt, l’oubli…

« C’est ce qui se passe pour beaucoup de toreros et je n’ai pas échappé à la règle, je m’y étais préparé et en plus l’alternative à Séville ne s’étant pas très bien passée (18 avril 2015 avec Enrique Ponce et José María Manzanares, toros de Victoriano del Río) je suis parti au Mexique avec un seul contrat en poche et pas un dinero… »

Une période très dure que de vivre éloigné des siens, mais qui au final lui permettra de se réaliser en tant qu’homme et en tant que torero… Première corrida et premier triomphe qui lui ont permis de toréer près de 50 corridas en trois ans…

« Ce fut une expérience personnelle très enrichissante. J’avais besoin de me regarder dans le miroir et de me demander si je voulais vraiment être torero. Ce fut très difficile de me frayer un chemin dans ce milieu, loin de chez moi et de ma zone de confort. J’ai dû beaucoup travailler, seul, dans l’ombre, pour progresser peu à peu et entrevoir le chemin des arènes de chez moi. Et au final ce fut une thérapie pour moi… »

L’arrivée de José Chacon à ses côtés avec Lolo de Camas a aussi était un plus…

« Un plus très important, crucial même. J’étais seul et aujourd’hui, il est comme un frère pour moi. Il sait faire ressortir le meilleur de moi, trouver les points sensibles et en plus on partage le même intérêt pour l’art et pas que celui du toreo, du flamenco, de l’art en général. J’ai beaucoup de chance d’avoir à mes côtés des personnes comme Lolo et José Chacón, et ils méritent que je le leur rende au centuple »

2023 aura été la saison de son retour, une saison courte mais avec des triomphes importants dont sa rencontre avec « Presumido » un toro de Julio de la Puerta qu’il gracié à Almadén (Ciudad Real), une corrida télévisée, après les quatre oreilles à Sanlúcar la Mayor, les trois à Cantillana… Une saison qui lui aura permis de rouvrir les portes de la Real Maestranza de Sevilla…

« Cette corrida m’a permis de montrer le torero que je suis devenu, un torero plus mûr, mieux préparé, plus mentalisé. Je traverse un moment de plénitude et cette oreille devrait me servir pour pouvoir confirmer mon alternative à Madrid car aujourd’hui je pourrais y donner le meilleur de moi-même. En tauromachie, comme dans la vie il faut savoir être patient. Tout peut arriver, il faut savoir attendre le bon moment et là je pense que le moment semble venu… »

C’a fait neuf ans qu’il est matador de toros, en suivant depuis le même chemin, respectant la profession et tous les professionnels, respectant le concept de sa tauromachie

« Ma façon d’exprimer la tauromachie est telle qu’elle est et je ne vais pas la changer simplement parce que je veux réussir. Je pense qu’avec cette façon de toréer, on peut atteindre le très haut niveau. On ne peut pas se mentir et surtout pas devant le toro. Si vous n’êtes pas vous-même, vous faites des passes, ce qui est très différent de toréer ».

Et hormis la confirmation à Madrid, qu’est ce qu’on peut vous souhaiter ?

« Que les portes des grandes arènes s’ouvrent à moi en 2025 y compris celles de France ou j’ai beaucoup de choses à faire valoir… »

Francisco Lama de Góngora, un torero au visage d’adolescent, mais déjà vétéran de mille batailles. Il a ébloui Séville, sortant par la Porte du Prince de novillero, mais la vie, comme la tauromachie, n’est-elle pas un éternel recommencement ?… On ne peut que le lui souhaiter !

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