Et transmettre sa tauromachie aux aficionados
Entretien réalisé par Thierry Ripoll (Toreria.net pour vuelta)
Révélation et prix de la meilleure faena de la San Isidro, récompensée par le “Trofeo Manolete”, le torero de San Fernando est devenu en une temporada, l’un des plus plébiscité par les aficionados. Madrid, certes mais aussi, Nîmes, Istres, Dax, San Sebastian, El Puerto de Santa Maria, Alicante…. Et dernièrement à Vera, Pozoblanco ou Zaragoza où il a séduit le coso de la Misericordia, recevant le prix du courage, des arènes qui ont été conquises par le toreo expressif et efficace de David Galván. Un torero qui a confirmé un potentiel exceptionnel au début de la feria d’Albacete devant une course très difficile de Samuel Flores.Conquérant même le Pérou où il est sorti pour la 8eme fois consécutives par la grande porte, la dernière fois à Cajabamba, impactant à Chinchón où il a triomphé pour sa 1ere participation au célèbre festival, Chinchón où il avait commencé 2024 lors des séances de la campagne « L’art des arts«
Un torero né à San Fernando (Cádiz) le 27 mars 1992, qui rejoint la Escuela Taurina de Jerez de La Frontera à l’âge de 13 ans ou d’entrée sa personnalité le place au 1er rang. A 17 ans il fera son 1er paseíllo lors d’une sans picadors à la Real Maestranza de Sevilla coupant une oreille qui le mènera à la finale des novilladas de promoción.Ses débuts con picadors se feront le 5 avril 2010 à Mugron, enchaînant au cours des temporadas 2010 et 2011, des triomphes importants dans des plazas de toros comme El Puerto de Santa Maria, Barcelona, Valencia, Algemesí, Algeciras ou San Fernando. Jusqu’au 28 février 2012, où il prend l’alternative à Sanlúcar de Barrameda, avec Francisco Ruiz Miguel pour parrain et Enrique Ponce pour témoin et coupe trois oreilles. La suite s’avérera plus compliquée…
-Maestro bonjour. Pratiquement 10 ans à toréer assez peu, sans grandes répercutions même les corridas de Séville ou de Madrid, et passé la pandémie du Covid, tout bascule. Comment l’expliquez vous ?
-« Il y a eu un tournant dans ma carrière depuis la période de la pandemie. 2022, 2023 et cette année 2024 ont été trois temporadas où j’ai progressé dans ce qui est ma profession grâce à la régularité de mes résultats et surtout avec les triomphes. Cette saison, j’ai participé à des ferias majeures avec des triomphes importants ce qui me motive encore plus pour continuer à progresser et atteindre mes objectifs. »
-L’importance aussi de la Copa Chenel ?
-« Dans mon cas, elle a été très importante. En 2022, je n’avais seulement que cette course de la Copa Chenel et tout dépendait pratiquement d’elle. J’ai obtenu un triomphe qui a eu une grande répercussion en coupant les deux oreilles d’un toro de José Escolar Gil après avoir subit une dure cogida au cours de cette corrida. Ce succès m’a donné beaucoup de visibilité et, à partir de là, pas mal de contrats sont tombés. »
De cause à effets, la maison Ruiz Palomares qui l’avait apoderé de novillero et pour sa première année de matador de toros, a reprit sa carrière en main …
-Petit retour en arrière….
-« Avant de commencer mon parcours de torero, mon enfance et ma jeunesse ont été plongés dans les études et les activités extrascolaires liées au sport. »
-Sans antécédents taurins, je crois, vous avez passé vos premières années aux Canaries, ou les toros ne sont plus présents depuis 1971… Un retour familial sur le continent à l’âge de 8 ans, et dans quelle ville ? Et en 2005, à l’âge de 13 ans vous rejoignez l’école taurine de Jerez. Durant ces cinq années pourquoi et comment vous est venu l’idée de vouloir toréer ?
-« Oui, c’est vrai. Dans ma famille il n’y a pas eu de lien direct avec les toros et avoir vécu les premières années de mon enfance dans les îles Canaries, où il n’y a plus de tradition taurine depuis plus de 30 ans, il était très difficile d’avoir envie d’être un torero. Une fois installé sur la péninsule, à Cadix, ma curiosité pour le monde des toros est née tout simplement en regardant un novillada télévisée. A ce moment, j’ai décidé de m’inscrire à l’école taurine et c’est là que tout a commencé. Personnellement, je crois que le torero né torero. C’est une vocation innée. Un don qu’on a ou pas. J’avais tout sauf des signes pour devenir torero. Et je suis entré dans un processus ou le torero s’est fait en moi. «
-Quel fut votre parcours jusqu’à vos débuts avec picadors, en 2010 en France, à Mugron ?
-« Mon parcours sans picadors a duré une saison, celle de 2009. Ce fut une bonne et triomphale étape. J’ai réussi à gagner de nombreux concours de novilladas, en France, notamment, ou j’ai pu toréer jusqu’à une bonne dizaine de non-piquées, comme celle de Dax, ou je suis sorti vainqueur. La France a tenu une place très importante dans ma phase des sans chevaux et a partir de là est né un bonito idylle entre moi et l’aficion française… »
-Quel furent les meilleurs moments de votre parcours en novillada avec picadors, jusqu’en février 2012 ou vous prenez l’alternative, à Sanlucar de Barrameda ?
-« La suite de ma carrière, comme novillero avec picadors, fut aussi belle et intense. En une saison et demi, j’ai toréé dans les ferias les plus importantes et connu de grandes après-midi qui m’ont permis de prendre l’alternative dans la foulée et avec une projection de carrière plus que positive. »
Un an après l’avoir prise, David Galván confirme son alternative à Las Ventas, pendant la feria de San Isidro et marque de son empreinte des plazas importantes comme La Malagueta, Sevilla, en avril 2015, Le Puerto de Santa María, où il coupe trois oreilles en 2016, ou Las Ventas, avec sa 1ere oreille madrilène le 20 mars 2016
-Et puis suivirent plusieurs saisons plutôt anonymes….
-« La tauromachie est un exercice de foi et d’humilité, et cela se manifeste par la persévérance et la constance pour atteindre les objectifs fixés. Malgré toutes les difficultés et tous les autres obstacles mon attitude a toujours été de maintenir cette détermination et cette volonté d’y arriver jour après jour, car je savais et j’étais persuadé que les résultats arriveraient tôt ou tard et c’est ce qui se produit actuellement. »
-Et en 2022 et 2023 votre carrière prend un nouveau départ, y comprit outre Atlantique. Qu’est ce qui provoqué ce déclic ?
-« Ce changement, si changement il y eu, est provoqué par le désir d’être meilleur encore chaque jour et de maintenir plus forte encore la vocation d’être torero. »
-2024 c’est la tournée d’adieu du maestro Ponce dans laquelle vous êtes souvent à partager le cartel et dans des arènes très importantes… De grands après-midi et des triomphes de catégories qui vous ont ouvert votre propre voix… Comment avez-vous géré ces corridas avec Enrique Ponce ? Y comprit en triomphant devant lui ?
-« Cette temporada a été très importante pour ma carrière. Le triomphe à Madrid pour la San Isidro, en obtenant les prix du Torero révélation et le prix Manolete pour la meilleure faena de la feria, a été un tournant personnel et professionnel. En outre, j’ai réussi à triompher dans toutes les plazas de toros de 1ere catégorie ou j’ai toréé. Je me souviens aussi avec beaucoup de cariño des triomphes obtenus à Nîmes, Istres ou Dax, des après-midi ont marqué ma saison. Concernant les corridas partagées avec le maestro Ponce, avec l’admiration et le respect que j’ai pour lui, je dirais simplement qu’il a toujours été torero, grand torero. »
-Pourquoi rien du coté de Séville ?
-« Toréer dans la Maestranza de Sevilla est un honneur, une joie, un très grand bonheur, je continue jour après jour a avancer des arguments pour que cela arrive le plus tôt possible. Toujours persévérer… »
-Peut être pour 2025 ? Et quelle temporada vous attend l’an prochain ? Plus d’arènes de 1ere ? D’autres ferias françaises ?
– » En 2025, j’espère continuer à gravir les échelons et à transmettre ma façon d’interpréter la tauromachie, celle pour laquelle je suis, avec celle que je m’exprime, à tous les aficionados. Et dans toutes les arènes… «
-En attendant comment va se passer la saison hivernale ? Le Mexique ? Les grandes ferias d’Amerique du Sud ?
– » A peine terminé la temporada européenne à Zaragoza, je suis parti pour le Pérou, où j’ai encore triomphé, et prochainement j’y retournerais de nouveau pour toréer pour la feria del señor de los Milagros de Lima, en la plaza de Acho. Je vais aussi toréer dans plusieurs autres pays du continent américain, cet hiver et dans des arènes et des ferias d’un grand intérêt pour moi. »
Révélation de cette temporada 2024 David Galván a un parcours assez similaire à deux toreros qui ont éclatés l’an dernier, Fernando Adrian et Borja Jiménez… Ou bien avant, celui de Paco Ojeda, gaditano comme lui qui se révéla aux yeux de l’aficion à l’age de 30 ans….
Entrevista réalisé le 20 octobre 2024….
Depuis il a confirmé son alternative à Acho (Lima) ouvrant la Puerta Grande après avoir coupé deux oreilles au 5eme toro de San Pedro