« Pour percevoir ce que je veux transmettre »
Entretien réalisé par Thierry Ripoll (toreria.net pour vuelta)
Il sera à découvrir à Saint Martin pour la Feria de La Crau le 5 avril devant les toros de José Escolar Gil…
Cela faisait cinquante ans qu’un torero n’avait pas coupé deux oreilles à un toro de Saltillo. Cristobal Reyes l’a fait l’an dernier ce qui lui valut d’être le triomphateur de la féria de Cenicientos, l’une des plus dures du circuit. Un torero rompu aux ganaderias de respect…
Un garçon né à Jerez de La Frontera (Cádiz) le 25 novembre 1997.
-Tout d’abord, as-tu eu des antécédents taurins dans ta famille, tes proches ?
« J’ai connu le monde des toros grâce à mon grand-père Pepe Hormigo qui était un très bon aficionado. C’est lui qui m’a aidé dans mes premiers pas… »
-Pourquoi as-tu décidé de toréer, devenir torero ?
« J’ai plutôt l’impression que c’est la tauromachie qui m’a choisi, sans la chercher. J’avais trouvé chez mon grand-père une cape je sortais du placard pour la toucher, la sentir mais je ne savais pas à quoi elle servait. J’avais vu des corridas à la télévision et quand j’ai vu qu’un morceau d’étoffe était capable de transmettre de l’émotion dans la main d’un homme, je me suis épris de l’art de la corrida. «
-Tes premiers pas devant les toros tu les as faits par une école taurine ?
« Effectivement, j’ai commencé à l’Ecole Taurine de Jerez. J’avais 10 ans. «
Durant son apprentissage en sans picadors, il court les festejos populares, histoire de savoir s’il peut se mettre devant un toro, un apprentissage qui passe par Rion des Landes en 2016 ou il croise un aficionado photographe, Christian Lamoulie..
-Christian est une personne importante dans ta carrière. Comment vous êtes-vous rencontrés et pourquoi s’être confié à lui ?
« Important dans ma carrière et dans ma vie, je l’ai rencontré à Rion des Landes, il était là comme photographe d’une novillada sans picador ou j’étais au cartel. Nous avons établi des liens et plus tard, à la mort de mon grand-père, il m’a proposé son aide et son amitié, motivé par une réelle sensibilité envers moi, une aide totalement désintéressée à partir de ces moments et toujours d’actualité »

Il débutera avec picadors le 5 août 2017 à Riscle devant des novillos du Marqués de Albaserrada. En 2018, il toréait onze novilladas dont des Monteviejo pour l’El Alfero de Oro, de Villaseca de La Sagra, une de Dolores Aguirre…. Se présentant à Madrid le 25 juillet 2019
-Après la période des sans picadors, peux-tu résumer ton parcours de novillero, un parcours qui s’est pas mal passé en France ?
« Ce fut un moment très important au cours duquel je me suis formé en tant que torero mais sans vraiment me définir en tant que tel. J’ai pu bâtir des fondations solides dans des novilladas très sérieuses dans les arènes torista françaises et dans les ferias de novilladas importantes en Espagne »
Cristobal Reyes reçoit l’alternative le 21 août 2021, avec des toros de Miura lors de la Corrida Magallanica de Sanlúcar de Barrameda. Le toro de la cérémonie s’appelait “Itinerante”, un cárdeno oscuro de 596 kg
-Une alternative avec des toros de Miura, c’est peu courant de nos jours. Quels souvenirs en gardes-tu ?
« J’ai pensé que prendre l’alternative aujourd’hui avec des Miura serait entrer dans l’histoire de la tauromachie et par la même dans la mienne aussi. Je pense que mes intentions étaient plus ou moins juste, que ce serait valorisant pour ma carrière. Ce fut un jour très spécial avec beaucoup de responsabilité, d’autant qu’elle a été télévisée »
-De l’alternative à Cenicientos, quel fut ton parcours de matador de toros ?
« J’ai connu quatre saisons très très dures qui m’ont mis à l’épreuve. J’ai dû travailler pour survivre tout en me préparant au maximum techniquement et moralement pour être prêt si une opportunité se présentait. Je n’ai toréé qu’une course par an jusqu’à ce que je tombe sur “Cafetero” de Saltillo à Cenicientos et du coup ma carrière a pris une autre dimension… «
-Que s’est-il passé l’an passé à Cenicientos ?
« Je crois beaucoup dans les efforts et les sacrifices… Avant ce jour-là, j’avais envisagé de me retirer des toros car ma situation était très difficile. Ce jour-là j’ai senti une force en moi et j’ai vu tous mes efforts récompensés, pouvoir toréer comme je l’avais toujours rêvé… Guère de fois dans ma vie de torero je n’ai été aussi heureux »

-Les retombés de Cenicientos… Un nouvel apoderado, Taurojal, l’entreprise mexicaine d’Alfredo Ríos « El Conde », des contrats pour Saint Martin de Crau, Céret, ça c’est en France, mais de l’autre côté des Pyrénées as-tu des approches en plus de San Augustin de Guadalix ?
« C’est une retombée claire. Quand il y a une vérité devant un toro qui impose le sérieux et le respect, à la fin tout se remet à sa juste place. Je rêvais d’être à l’affiche dans des arènes comme celles-ci et je suis très reconnaissant qu’ils m’offrent ces opportunités si importantes pour moi »
-Tes espoirs dans un proche avenir ? Et sur un plus long terme ?
« L’être humain par nature est ambitieux et impatient. Si vous voulez faire rire Dieu, dites-lui quels sont vos projets. Je suis très concentré tous les jours sur ma préparation et ma mentalisation. Chaque becerra en tienta ou chaque toro que je vais torée sera une étape de plus dans mon apprentissage de façon à être prêt pour tous mes engagements. Mes espoirs résident dans le fait que les aficionados perçoivent ce que je veux transmettre en tant que torero … Le reste viendra en son temps… »
Cristobal Reyes fera sa présentation dans le Sud-Est, à Saint Martin de Crau à quelques encablures du Mas de L’île ou à l’initiative du regretté Yvon Verdier et des Amis de Pablo Romero, il était venu tienter, tout juste novillero débutant…
