De l’ambition en 2024 pour le biterrois
Entretien réalisé par Thierry Ripoll (Toreria.net pour vuelta)
Charles Pasquier “Carlos Olsina” est un pur produit de l’Ecole Taurine Béziers Méditerranée. Il est né à Béziers et c’est dans ses arènes qu’il débute en novillada piquée en 2017 devant des novillos de Margé après une trentaine de non-piquées… Comme Sébastien Castella, son prestigieux aîné, il va s’exiler en Andalousie près de son apoderado l’ancien picador José Manuel Espinosa « Lolo de Camas »… de 2017 à octobre 2021. Il toréera 35 novilladas, remportant deux fois le Tastevin d’Argent en 2017 et 2019, année ou il indulte le novillo « Marcos » N° 36 de la ganaderia San Salvador à Ixmatkuil dans le Yucatan. En 2022, après une temporada en binôme entre ses apoderados actuel et futur, il confie ses intérêts à Swan Soto qui le fera se présenter à Madrid et le conduira à l’alternative. Le 18 juin 2022, il devient le 71eme matador français et le 4eme biterrois, devant des toros de Jandilla, sort en triomphe après avoir coupé les deux oreilles de son second toro. En août à Béziers il coupe un trophée à un toro de R. Margé, en octobre il est répété à Istres devant des Valverde auxquels il obtint une oreille… 2023, un seul paseillo lui est proposé, le 14 août pour la Feria de Béziers…
Carlos Olsina : « La corrida de Béziers m’a fait mûrir, en tant que torero mais aussi en tant qu’homme«
Le Zenith du mois d’août taurin sera la rencontre, le 14 août, entre une grande corrida de Robert et Olivier Margé et le matador de toros biterrois Carlos Olsina… Un toro gracié « Revilla » N°170, né en mars 2019 et un de vuelta al ruedo « Pays d’Oc » N°174 né en février 2018, l’épée n’étant pas au rendez-vous de cette seconde grande partition…
Triomphateur incontestable et incontesté de la Feria de Béziers 2023, Carlos Olsina a bien voulu répondre à nos questions…
-Trois mois après ce coup d’éclat, qu’est ce qu’il en reste dans votre subconscient ?
» La corrida de Béziers m’a fait mûrir, en tant que torero mais aussi en tant qu’homme. Après, il m’a fallut digérer, assumer ce qui s’est passé mais ça m’a apporté plus d’assurance, plus de moral… »
-Sans antécédents taurins, qu’est ce qui a mené Charles Pasquier à devenir Carlos Olsina et à rejoindre l’Ecole Taurine de Béziers tout en continuant vos études?
« Je n’ai aucun antécédent taurin, mes parents sont aficionados, ils vont aux corridas à Béziers, parfois à Arles et Nîmes, mais sans plus mais c’est grâce à ça que j’ai voulu devenir torero. Au début l’école taurine était plus un jeu et c’est pour ça que j’ai combiné études et tauromachie, arrivant même à faire deux années de prépa HEC, après mon bac. Mais les toros ont prit de plus en plus de place dans ma vie jusqu à devenir ma vie entière »
-Quasiment cinq années avec José Manuel Espinosa votre apoderado de Camas, dont une année blanche pour cause de pandémie… Qu’est ce qui vous a poussé à vous expatrier en Andalousie ?
« Grâce à R. Margé, j’ai pu passer un 1er hiver à Gerena aux cotés de Manuel Escribano. Si tu veux devenir torero, c’est dans son berceau que tu dois t’élever, c’est pour ça qu’à 20 ans je suis parti pour réaliser mes rêves. Le berceau c’est l’Espagne avec trois régions taurines, Madrid, le Campo Charro et l’Andalousie… J’ai choisi Séville parce que ça correspond mieux à ma personnalité. J’ai donc posé mes valises à Gerena, le pueblo des Campuzano, de M. Escribano, D. Luque, avec autour de nombreuses ganaderias, ou peu après chez prit pension dans la famille Quinta.. «
-Un bilan de ces années de novilleros ?
« Elles furent très formatrices mais elles furent perturbées par la pandémie qui est arrivée à un très mauvais moment. Je fais parti de cette génération Covid qui fut stoppé dans son avancée. En 2019 j’ai réalisé ma plus belle temporada et en 2020 ou j’aurais du la confirmer, la Covid… Il a fallut pratiquement repartir du début… »
-Comment s’est fait votre rencontre avec Swan Soto ? Et qu’est ce qui vous unit ?
« C’est lui qui m’a contacté, il avait envie de partager son expérience avec un torero et comme sa conception du toreo correspondait à la mienne, pendant une temporada il a été à mes cotés avec Lolo de Camas. Il m’apporte énormément en tant que torero mais aussi en tant qu’homme et son enseignement me donne plus d’ampleur, me fait progresser… Et après on a prit la décision de faire notre chemin tous les deux, ensemble… «
-Une alternative de luxe en 2022 avec sortie par la grande porte du Palio, dans la foulée une oreille à Béziers, une autre à Istres et pour 2023 une seule corrida. Comment l’expliquez vous ?
« C’est à quoi je m’attendait en fait. Il aurait fallut que je triomphe avec plus de forces, mais ça a aussi un coté positif, se remettre en question, chercher à aller de l’avant, travailler encore plus. «
-Et comment vit-on cette frustration de ne pas porter plus souvent cet habit de lumières ?
« C’est plus qu’une frustration. Tu vois à l’entraînement les autres préparer leur saison et toi tu le fais pour une seule date et qui encore n’était pas sûre… Beaucoup de toreros sont passés aussi par là, M. Escribano, F. Adrian, Clemente, B. Jiménez… Alors pour t’en sortir tu persévères dans l’effort, dans le travail, avec abnégation »
-J’ai eu le plaisir et le privilège de vous voir en privé excellent devant un grand toro de Margé de six ans… Béziers en août, en octobre vous avez réellement très bien toréé un compliqué Tardieu à Mejanes et placé la barre haute à Gimeaux face à un François André… Qu’est ce qui a affiné et poli le toreo de Carlos Olsina ?
« C’est avant tout une façon de travailler différente. Ce toro de Margé chez J.L. Couturier, un superbe cadeau, créa en moi un déclic. Ça m’a donné plus de confiance et confirmé que seul c’est le travail qui paye… «
-Quelques oreilles se sont aussi envolées à cause de l’épée, des oreilles qui vous permettrez peut-être d’impacter un peu plus pour ouvrir d’autres portes ?
« C’est vrai mais j’acquiert plus de régularité avec l’épée mais pour progresser il faut pratiquer et c’est pas facile de pouvoir tuer des toros en privé. Heureusement j’ai des sponsors qui m’aident depuis mes débuts et qui me permettent de m’entraîner avant mes rendez-vous importants »
-Tout le monde pense déjà à 2024… Quelle temporada idéale pour vous ? Le grand moment de la Feria de Béziers a-t-il des répercutions ?
« Je pense que oui, et pour moi l’idéal ce serait que j’ai le plus d’opportunité pour m’exprimer, pour toréer, pour triompher et aussi rentrer dans quelques ferias importantes. «
Charles Pasquier “Carlos Olsina” est né le 2 août 1996 à Béziers. Débuts en novillada piquée le 15 août 2017 à Béziers. Ganaderias : Robert Margé. Alternative le 18 juin 2021 à Istres. Ganaderia : Jandilla (1°)/Vegahermosa. Parrain : José Maria Manzanares
Témoin : Paco Ureña
Swan Soto, l’apoderado de Carlos Olsina….
-Quels sont les objectifs pour la temporada 2024 pour votre protégé…. ?
« Les projets pour 2024 sont nombreux, bien sûr toréer un maximum de corrida mais aussi continuer à progresser et à apprendre. «
-En peu de temps on a senti une évolution dans le toreo de Carlos, y a-t-il encore des paliers qu’il peut franchir pour s’imposer dans des cartels importants ?
« L’évolution et la progression de Charles est considérable mais il à encore une énorme marge de progression il ne faut pas oublier qu’il n’a torée que quatre corridas depuis son alternative. «
-Comment se passent vos relations au quotidien et comment ça fonctionne, l’un étant dans le Gard, l’autre un peu dans l’Hérault et en Andalousie ?
« Notre manière de fonctionner est basé sur la passion, nous échangeons en permanence sur la technique et sur le ressenti devant le toro. Et pour cela nous passons un maximum de temps ensemble. Il vit le plus souvent à Nîmes, un peu à Béziers et un peu à Gerena… Et je l’accompagne le plus possible «
-Comment va se passer l’intersaison, du campo en Espagne, en France, quelques courses de l’autre côté de l’Atlantique ?
« Pour l’intersaison nous allons faire du campo entre la France et l’Espagne et prendre le maximum de contacts avec les empresas, organisateurs et clubs taurins afin de faire découvrir Carlos à ceux qui ne le connaissent pas encore. «