Le triomphalisme pointé du doigt
Photo : Andrew Moore (association el toro de Madrid)
Alors que la plus importante féria dans le monde taurin a débuté mercredi dernier à Madrid, les aficionados de Las Ventas n’ont pas attendu longtemps pour exprimer leur mécontentement, et qui inquiète également ceux de l’autre côté des Pyrénées et partout dans le monde.
Une bataille à distance avec Séville, à celui qui aura le plus d’oreilles semble se jouer, du moins c’est l’impression que cela donne en ce début de féria. Or Madrid doit rester Madrid, l’arène la plus exigeante et la plus dure pour l’obtention des trophées et en terme de présentation des toros.
La confection des cartels interrogeait déjà les aficionados, avec des figuras doublées et triplées laissant moins de places aux autres toreros dont la plaza les révélait dans le passé, au détriment de l’argent et du taux de remplissage.
Ils furent surpris également avec l’augmentation importante des prix des places. La présentation des toros de La Quinta a déçu (dont deux toros, présents en piste, avaient été refusés à Séville pour un manque de trapio… un comble) et déjà une banderole dans les tendidos : « sube el precio, baja el toro ».
La corrida du jeudi 11 mai a fait monter la grogne dans les tendidos.
La présentation du premier toro de la tarde (un sobrero de Séville), avec une tête de novillo, indigne de Madrid fut protestée dès sa sortie en piste, et a interrogé. Comment une empresa et son veedor et les vétérinaires peuvent le laisser entrer en piste, en connaissant son public et l’exigence de l’arène ?
Ensuite, la première oreille octroyée à Tomas Rufo après une pétition réellement minoritaire a interrogé aussi. Seulement une bonne série à genoux et une série gauchère furent à son actif. Prestation pas assez consistante pour octroyer une oreille à Madrid.
Le triomphalisme du jour a encore plus interrogé avec la donne des deux oreilles à Emilio de Justo après une épée résultante basse et qui doit être rédhibitoire dans une arène exigeante et de première catégorie. L’octroi d’une vuelta posthume au toro injustifiée, en supplément, a contribué à élever la grogne. L’ovation à l’arrastre suffisait.
Ce qui est dommage également et laisse perplexe les aficionados, c’est que les autres arènes se servent d’un triomphe d’un torero pour leur promotion. Certes, cela est de bon augure et normal mais il est dommage de ne pas parler du vrai triomphe. Le triomphe d’Emilio de Justo, de ce jour-là, était en réalité à son premier toro. Un Garcigrande encasté et exigeant, aux charges vibrantes, auquel Emilio fit front malgré les rafales de vent. Malheureusement l’épée le priva d’un trophée mérité. Ce fut LA faena de la tarde.
Le lendemain, plusieurs banderoles ont été brandies dans les tendidos à l’issue du paseo sous une ovation : « Palcos exigentes, No al triunfalismo » au tendido 7 « Madrid se merece más seriedad » au tendido 6.
L’association « El toro de Madrid » a, de son côté, envoyé un courrier en demandant que le président de la corrida soit viré sur le champ.
Les aficionados du monde attendent la suite de la féria en espérant que ce début de féria ne soit qu’une erreur de lancement car Madrid doit rester fidèle à son histoire et son identité.