Madrid : des banderilles noires pour la mansa corrida de Saltillo-Moreno Silva

Une tarde à contre sens de la modernité (vidéo)
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Photo : Juan Pelegrin (Plaza de toros de Las Ventas)

Hier la corrida de la ganaderia Saltillo marquée de l’ancien fer de Moreno de Silva n’a pas eu le comportement que l’on pouvait s’attendre avec cet encaste.

La course fut une course d’antan, à contre sens de ce que l’on a l’habitude de voir, ne répondant pas aux codes standards de la tauromachie moderne connus, où le toro doit être brave, doit aller deux fois au cheval, prendre trois paires de banderilles et suivre la muleta que lui tend le torero. Hier les toros sont sortis brut comme à l’origine de la corrida, tous mansos et qui interdisaient toute lidia selon les règles de l’art moderne.

Intoréables pour les toreros, il fallait une dose élevée de courage pour rester devant et pour proposer une Lidia adaptée. Car leur comportement était archaïque, imprévisible, chargeant avec fougue quand personne ne s’y attendait et refusant de charger quand ils étaient sollicités. Le public ne s’y trompa pas et salua les trois toreros, conscient de la difficulté qu’ils affrontaient.

Impossible de les amener à la pique, fuyant le cheval et le combat, mettant la panique dans le ruedo, développant du sentido, comprenant rapidement, leur comportement fut dangereux car incontrôlable. Ils regardèrent souvent les gradins et chargèrent directement sur l’homme. 

Le quatrième exemplaire, nommé « Cazarrata » impossible à piquer, reçut les banderilles noires. Assez rare de nos jours pour le signaler. Pour cela, le président sort le mouchoir rouge pour arrêter le tercio et ordonne la pose des banderilles noires, une marque de déshonneur pour le ganadero. Le harpon est seulement plus long que les banderilles normales. Les banderilleros ne sont pas réellement ravis de voir le mouchoir rouge de sortie, car s’il est difficile de le piquer à cheval, le banderiller à pied relève, dans ce cas, souvent de l’exploit. Par la suite Sanchez Vara réussira à loger par miracle l’épée. José Carlos Venegas ne connut pas la même chance et dut écouter les trois avis avec le troisième exemplaire qui aurait pu aussi recevoir les banderilles noires. Alberto Aguilar fut brave face à ses deux opposants mansos mais de degré moindre permettant au madrilène d’extraire quelques passes méritantes. Belles prestations aux banderilles de David Adalid qui salua par deux fois malgré la complexité de ce tercio hier.

Une course impossible et mauvaise dans le sens du présent mais pouvant être intéressante dans l’analyse des choses, dans le sens où les aficionados ont assisté à quelque chose de peu ordinaire dont la plupart n’ont jamais vu et qui interpelle mais qui répond aussi à des questions.

Tors de Saltillo, de présentation moyenne, décastés, mansos avec du sentido, dangereux et impossibles

Sanchez Vara (silence et aplausos)

Alberto Aguilar (silence après 2 avis et ovation)

José Carlos Venegas (aplausos après 3 avis et silence)

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